mardi 21 mai 2013

Jeunes diplômés exportez vous !

Tous les cabinets de recrutement ou de gestion des ressources humaines ne le pensent pas mais c'est réellement un plus pour un jeune diplômé français de s'exporter.

Ce choix doit être vu comme un réel avantage à long terme; bien entendu on peut toujours objecter que le marché de l'emploi français valorise moins les expériences internationales que les autres marchés européens et que travailler à l'étranger, très tôt dans sa carrière professionnelle, n'est pas aussi simple qu'on le pense. Mais c'est un atout majeur.

Pourquoi ?

Travailler à l'étranger signifie changer de référentiel culturel, autant au niveau des pratiques professionnelles que de la vie courante. Et je ne parle même pas des différences sociales ou politiques.
Un jeune diplômé est encore plus sensible à ces différences car il n'a que peu pratiqué, dans la durée, le monde de l'entreprise et n'a pas eu le temps de s'habituer à un mode de pensée, de travail qui deviendrait sa zone de confort. Et il est dommage de démarrer une carrière professionnelle en s'installant confortablement dans une routine.

Travailler à l'étranger ouvre les yeux sur le monde. Au delà de la barrière de la langue s'il y en a une, intégrer une entreprise à l'étranger, c'est passer du statut de touriste à celui d'immigré. C'est aussi simple que cela. Le sentiment est plus ou moins fort selon le pays d'installation et sa capacité à accepter des étrangers sur son sol. Cette situation amène l'individu à chercher l'intégration dans la société qui l'accueille, ce qui demande d'en comprendre les codes, les différences profondes avec sa culture d'origine.
Dans le monde du travail ces codes sont importants car ils expliquent les réactions des collaborateurs ou collègues face à des situations professionnelles; par exemple le rapport hiérarchique se vit différemment entre la France et le Japon, la conduite de réunion est plus consensuelle aux Etats Unis qu'en Allemagne. Cet effort pour s'intégrer n'est pas simple; cet exercice quotidien devient alors une seconde nature, renforce la tolérance, donne à réfléchir sur son propre modèle culturel. C'est donc un enrichissement permanent que de travailler et vivre à l'étranger.

Travailler à l'étranger développe la capacité d'adaptation. Même si le jeune diplomé maîtrise parfaitement la langue du pays où il travaille, cet exercice requiert de passer d'un mode de pensée -celui imprimé par la langue française- à un autre. Ce facteur ajouté aux nouveaux codes sociaux et culturels du pays, implique de s'adapter en permanence à chaque situation, dans une forme d'apprentissage continu sur le terrain.

Alors même si une expérience professionnelle à l'étranger n'est pas différenciante dans un recrutement précis, elle reste un gros plus dans la pratique de son métier au quotidien. En effet, progresser dans sa carrière demande de s'adapter à des situations jusque là inédites, de gérer des référentiels de culture d'entreprise différents, de comprendre les autres et de s'intégrer dans une organisation qui possède ses propres valeurs et sa culture. Le jeune diplômé est encore suffisamment frais pour synthétiser ce qu'il a appris à l'étranger, l'évaluer en fonction de ses propres connaissances scolaires ou personnelles, en assimiler ce qui lui est utile et le décliner dans sa pratique professionnelle quand c'est nécessaire. En bref, il est plus apte au changement.

Et dans un contexte économiquetout va plus vite, avec des échanges globaux entre industries, entre pays, entre cultures, entre partenaires économiques, c'est forcément un atout que d'absorber rapidement le changement. L'entreprise se transforme par les hommes et les leaders de cette transformation, pas uniquement ceux qui l'ont initié, en récoltent les premiers les fruits, par des opportunités de carrière plus fortes, plus diverses, plus nombreuses, avec plus de responsabilités.

Alors si le jeune diplômé n'a pas de contraintes personnelles, mon conseil est le suivant: qu'il essaie, dans les cinq premières années de sa vie professionnelle, de prendre un poste à l'étranger. Le plus simple est de rejoindre un groupe français avec des filiales à l'étranger et de profiter de la mobilité dans l'entreprise pour s'expatrier un temps. Le plus fort est de directement postuler dans un autre pays auprès d'une organisation originalement issue de ce pays. C'est un choix personnel.


Thierry Biyoghé
Bickley Park








4 commentaires:

  1. J'ai lu sur un blog de consultant en Ressources Humaines un avis assez différent, selon lequel ce n'est pas réellement un plus en France. Les arguments utilisés sont intéressants. En synthèse, le consultant affirme que pour décrocher des jobs intéressants en France le parcours international ne sert à rien. Mon avis: c'est une approche court terme, frileuse, repliée sur elle même.

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    1. C'est peut être avec cette idée arrêtée que je n'ai pas pris l'option de l'international dès le démarrage de ma vie professionnelle, après tout, c'était en France que je souhaitais évoluer... (Que parfois on peut être buté quand on est jeune !)
      Après plus de 10 années dans le conseil et ayant pris de la maturité et du recul, notamment sur les divers "affirmations, conseils..." que beaucoup m'ont généreusement donné, sans que je l'ai particulièrement demandé, je fais le constat suivant : passer par l'international ne sert pas qu'à "faire carrière" à l'étranger. Non. Se lancer dans cette aventure, dont on sort grandi, dénote d'une ouverture d'esprit et d'une grande adaptation en toute circonstance à son environnement, ce qui représente pour moi deux grandes qualités indispensables pour s'épanouir dans sa vie professionnelle, en l'impulsant et non en la subissant...

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  2. L'article est sympa et il est vrai qu'une immigration aide à mieux se connaître, donc à mieux savoir ce que l'on veut et ce qu'on est en mesure d'offrir sur le marché du travail. Dommage cependant que vous confondiez immigration et expatriation. Pour avoir vécu les deux, je peux vous dire que cela n'a rien à voir. Un immigré n'est pas attendu, n'a aucune place dans le pays qui l'accueille, il doit TOUT créer. L'expatrié est un immigré de luxe qui n'apprend pas vraiment la vie locale : il arrive avec un travail. dans l'entreprise, on sait qu'il vient d'ailleurs alors on s'adapte et on est tolérant avec ses différences culturelles. On l'aide car on sait qu'il vient d'ailleurs : logement, école pour les enfants, on désigne même souvent un mentor dans le pays d'accueil pour l'administratif, le transport etc. Bref, rien à voir avec ce que vit un immigré.

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    1. Merci ! Par contre je ne suis pas d'accord avec la confusion que vous me prêtez sinon j'aurai intitulé l'article 'Jeunes diplômés expatriez vous !'. D'ailleurs je fais le distinguo entre les deux formes de départ à l'étranger dans le dernier paragraphe.
      Sinon, hormis ce quiproquo, je suis d'accord avec vous sur la facilité que représente l'expatriation et le fait que souvent l'expatrié n'apprend pas la vie locale. C'est particulièrement vrai pour les Français qui restent entre eux (les Américains ont le même défaut d'ailleurs) au risque de passer à côté de l'ouverture sur un autre mode de vie, une autre culture. J'ai même connu la situation mixte d'être embauché par une société US (les Américains seuls m'ont recruté avec un contrat US à l'origine) pour ses quartiers européens aux Pays Bas et d'être ensuite expatrié par les mêmes en Allemagne.

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